Petit Projet

Publié le par Oscar

Je met ce message en introduction des suivants. Simplement pour expliquer ce que va signifier les étranges textes qui vont abreuver ce blog dans les temps à venir, en fonction de la disponibilité du mien.

J'ai en effet exhumé un manuscrit il y a quelques temps. Celui-ci est en fait une tentative d'autobiographie réalisé par mon arrière grand-père ( dit Pépé Jo) au crépuscule de sa vie. Auvergnat de son état il a traversé et participé aux deux guerres mondiales et a réalisé l'arrivé à Paris d'une famille de travailleurs provinciaux.

Le texte en question est en fait une tentative d'écriture d'un homme qui a quitté l'école à l'âge de 8 ans sans certificat d'étude. Le travail pour moi consistait d'abord à de la saisie. Le manuscrit de 38 pages me prit, contre toute attentes, un certain temps, à cause de la graphie à l'ancienne à laquelle je ne suis pas vraiment habitué mais surtout à cause de l'écriture au fil de la plume. Sans orthographe ni ponctuation, sans syntaxe, etc...

Loin d'être un obstacle à la lecture cet aspect du texte est en fait sa saveur. En effet, loin d'être écrivain, biographe ou historien, le Pépé Jo raconte son histoire comme il sait le faire, d'une façon très oral. L'écriture rappel les racontars de vielliards dont lui même parle dans son récit. Pas de plan, pas de fil contucteur réel, pas de source ou même de date, pas une chronique, c'est une veillée à laquelle il nous invite.

J'ai fait, pour la lecture plusieurs choix. Le premier est dans le découpage par paragraphe et la syntaxe. J'ai essayé un maximum de corriger les fautes en gardant la saveur de la langue d'un vieille homme de la campagne, sans pour autant rester dans la caricature. Mais pour l'instant je ne me sens pas le temps, ni le courage de faire un redécoupage pour rendre le récit plus cohérent (dans la chronologie, l'unité, l'enchaînement des thèmes). Mais pour l'instant je le découpe en parties, en suivant son ordre mais qui unit deux ou trois thème comme une discution d'un soir qui sauterait, plus ou moins à propos, du coq à l'âne, sans se soucier de précision narrative.

Par contre je vais faire à l'avenir mon maximum pour éclairer historiquement ce récit pour ceux qui le voudrait d'autant que c'est peut-être le plus beau moyen d'entrer dans l'histoire social de cette France qui nous semble inconnue.

 

 

Ma vie
I-L’enfant, les ouailles et les hommes
Je suis né le 4 janvier 1898 à Chalusset près de Bourg-Lastic Puy de Dôme. J'ai eu une vie assez simple, à 4 ans je commençais d'aller à l'école à Bourg-Lastic avec ma sœur de un an mon ainée. On mangeait et on couchait chez ma tante mais pendant les périodes d'été je restais à Chalusset. A 5 ans je commençais à garder les ouailles avec Noël notre voisin on mélangeait les deux troupeaux et on les amenait pâturer dans les bruyères. Noël avait 12 ans, c'est lui qui les gardait et, quand les ouailles se sauvaient il m'envoyer les arrêter. Je faisais un peu le chien de berger. On les amenait souvent du coté de Saleix le village voisin, il y avait une jeune fille qui gardait ses vaches elle s'appelait Clémence. Noël allait avec la Clémence, il me laissait avec les ouailles, j'en déduis depuis qu'ils devaient être amoureux. Je m'amusais beaucoup avec lui il était tout de même un bon garçon il me faisait faire pas mal de blagues. Un jour il me dit : "quitte ta veste" et il a habillé un mouton avec en y mettant les pieds de devant dans les manches et la veste sur le dos. Le temps qu'on l'habille les ouailles sont parties, nous l'avons lâché il a couru pour rattraper le troupeau mais les ouailles l'ont pris pour un chien, elles ont eu peur et sont partis à Chalusset. On avait beau courir on n’a pas pu les rattraper. Moi j'ai eu droit à une fessé ma veste n'était pas en bon état et Noel n'a pas été félicité non plus.
            Tous les hivers j'allais à l'école mais l'été je gardais les ouailles à 6-7 ans je les gardais avec Antoine un autre voisin qui avait deux ans de plus que moi. Quand les ouailles s'en allaient on allait les arrêter chacun à notre tour, mais il était tricheur, il ne voulait pas y aller à son tour. Pourtant, je ne me laissais pas faire, je me défendais et finalement on allait les arrêter tous les deux ensemble. On s'amusait bien, on jouait au carré barré mais quand on était trop occupés [accionnés] il nous arrivait de perdre les ouailles quelquefois et on les retrouvait dans le pré ou dans le champ du voisin. Alors les reproches ne manquaient pas.
 Ma sœur faisait la nourrice car on avait un petit frère de 4 ans plus jeune que moi. Elle s'occupait à le bercer quand ma mère faisait son travail car nous avions une petite ferme et mon père allait à la mine. Dans ce petit hameau les gens étaient bien sympathiques, tous aimaient se rendre service mais c'étaient tous des gens pauvres. Les jeunes hommes allaient travailler au dehors, les femmes, les enfants et les vieillards cultivaient les petites fermes qu'ils avaient.
 Dans le village il y avait quelques vieillards que j'aimais bien entendre raconter leurs histoires. Le Père Gentou avait fait la guerre de Crimée, il racontait la prise de St Bastopol [ Sébastopol] il nous disait que pour prendre la forteresse ils ne pouvaient entrer que deux à la fois,  les russes les tuaient au fur et à mesure. Après qu'ils aient eu des centaines ou des milliers de morts ils ont tout de même pu prendre la forteresse. En France on chantait la victoire ( "St Sébastopol est pris nous avons la victoire") St Sébastopol était pris mais l'armée française n'était pas au bout de ses peines. Il y avait aussi le Père Poulet qui nous racontait [4] des malheurs. Il avait fait 7 ans de service il nous racontait :
 
" j'ai fais 4 ans sur la côte d'Afrique nous étions mal nourrit, pas ravitaillés et régulièrement il nous arrivait d'attraper des lézards ou des serpents qu'on faisaient rôtir pour les manger. Une nuit que j'étais sentinelle avec un camarade, le camarade a reçu une balle en pleine poitrine on avait aucun secours, le camarade souffrait beaucoup nous nous sommes assis par terre nous nous sommes appuyés le dos l'un contre l'autre le camarade a gémit toute la nuit le matin il était mort…J'ai fais 7 ans de service…J'ai passé toute ma jeunesse pour servir la patrie."
 
C’est bien ce qu’il racontait souvent. Ces vieillards nous racontaient beaucoup de choses mais j'étais trop jeune pour comprendre, le Père Poulet nous répétait souvent que mon grand-père avait fait la guerre de 1870, qu’il était au siège de Paris. Il s’était marié en 1869 quand il a été mobilisé. Ma grand mère était enceinte, mon père est née le 20 mars 1871 alors que mon grand père n'était encore pas rentré. Il [5] y avait aussi le cadet chez Pil il a été aussi mobilisé en 1870 il faisait parti de l'armé de la Loire, de temps en temps il nous chantait un refrain qu'il aimait beaucoup :
 
Huit jours partis de chez nous nous étions dans l'armé
de la Loire (bis)
Nous ne savions pas trop manœuvrer mais
ni rimes ni raisons nous marchions
comme des moutons
 
Mais nous aurions eu la victoire si avec cent mille hommes bien armés le Bazaine
n'avait pas capitulé
 
J'avais aussi entendu les racontars du Père Védrine, il était à la conquête de Madagascar, il avait traversé l'île a pied avec son régiment. Pour les stimuler leur commandement leur disaient "on va attraper la reine" ils ont bien traversé l'île mais la reine était partie. Toutes ces histoires de vieux soldats on les racontait le soir sous la grande cheminée pendant les longues soirées d'hivers.

Publié dans oscarpacioli

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P
Tiens je savais pas que tu l'avais posté sur ton blog. Si t'es toujours d'accord on peut taffer à deux dessus. Ca peut être marrant.A+ sur Paris!
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